Le bois autoclavé est largement utilisé dans les constructions extérieures pour sa durabilité naturelle. Cependant, la question de savoir s'il faut le lasurer divise souvent les professionnels et les bricoleurs. Ce traitement supplémentaire est-il vraiment nécessaire ? Quels sont ses avantages et inconvénients ? Pour répondre à ces interrogations, il est essentiel de comprendre les propriétés uniques du bois autoclavé et d'examiner les différentes options de finition disponibles.

Composition chimique et propriétés du bois autoclavé

Le bois autoclavé est le résultat d'un processus industriel visant à améliorer sa résistance naturelle. Ce traitement consiste à imprégner le bois de produits de préservation sous pression dans un autoclave. Les agents chimiques utilisés, généralement à base de cuivre et d'azole, pénètrent profondément dans les fibres du bois, lui conférant des propriétés uniques.

La composition exacte des produits de traitement varie selon les fabricants, mais elle inclut généralement des fongicides et des insecticides. Ces substances protègent le bois contre les principaux agents de dégradation biologique. Le cuivre agit comme un puissant fongicide, tandis que les composés azolés renforcent cette action et apportent une protection contre les insectes xylophages.

L'un des aspects les plus importants de ce traitement est sa durabilité. Contrairement à un simple traitement de surface, l'autoclave permet une imprégnation en profondeur, assurant une protection à long terme. Cette caractéristique est particulièrement appréciée pour les bois destinés à un usage extérieur, comme les terrasses ou les bardages.

Le traitement autoclave transforme des essences peu durables naturellement en bois résistants, capables de rivaliser avec des bois exotiques bien plus coûteux.

Il est important de noter que le traitement autoclave modifie également l'aspect du bois. Selon les produits utilisés, le bois peut prendre une teinte verdâtre ou brunâtre caractéristique. Cette coloration n'est pas seulement esthétique, elle témoigne de la présence des agents de protection dans le bois.

Durabilité naturelle du bois autoclavé face aux intempéries

Le bois autoclavé présente une résistance exceptionnelle aux éléments extérieurs, ce qui en fait un choix privilégié pour les constructions en plein air. Sa durabilité naturelle s'explique par plusieurs facteurs qui méritent d'être examinés en détail.

Résistance aux champignons lignivores et insectes xylophages

L'un des principaux avantages du traitement autoclave est sa capacité à protéger le bois contre les organismes qui le dégradent naturellement. Les champignons lignivores, responsables de la pourriture du bois, sont particulièrement redoutables en environnement humide. Le traitement autoclave crée un environnement hostile à leur développement, prolongeant ainsi considérablement la durée de vie du bois.

De même, les insectes xylophages, tels que les termites ou les capricornes, sont repoussés par les substances chimiques imprégnées dans le bois. Cette protection est particulièrement précieuse dans les régions où ces insectes sont endémiques. Un bois autoclavé correctement traité peut résister pendant des décennies à ces attaques, là où un bois non traité serait rapidement dégradé.

Protection contre les rayons UV et l'humidité

Si le traitement autoclave offre une excellente protection contre les agents biologiques, sa résistance aux facteurs physiques comme les UV et l'humidité est plus nuancée. Les rayons ultraviolets du soleil peuvent, à terme, dégrader la lignine du bois, entraînant un grisaillement de surface. Ce phénomène est purement esthétique et n'affecte pas la solidité structurelle du bois.

Concernant l'humidité, le bois autoclavé présente une meilleure résistance que le bois non traité. Cependant, il n'est pas totalement imperméable. Des cycles répétés d'humidification et de séchage peuvent entraîner des déformations ou des fissures à long terme. C'est sur ce point que l'application d'une lasure peut apporter un bénéfice supplémentaire, en formant une barrière hydrofuge.

Comparaison avec les essences naturellement durables comme le cèdre rouge

Pour mieux comprendre la performance du bois autoclavé, il est intéressant de le comparer à des essences réputées pour leur durabilité naturelle, comme le cèdre rouge. Ce dernier contient des huiles essentielles qui le protègent naturellement contre les insectes et les champignons. Cependant, le bois autoclavé peut atteindre, voire dépasser, cette durabilité naturelle.

L'avantage du bois autoclavé réside dans son coût généralement inférieur et sa disponibilité plus importante. De plus, il permet de valoriser des essences locales moins nobles, réduisant ainsi l'impact environnemental lié au transport de bois exotiques. Néanmoins, certains préfèrent l'aspect et l'odeur naturels du cèdre rouge, qui vieillit avec une patine argentée caractéristique.

Le choix entre bois autoclavé et essences naturellement durables dépend souvent d'un compromis entre coût, esthétique et considérations environnementales.

Avantages et inconvénients de la lasure sur bois autoclavé

L'application d'une lasure sur du bois autoclavé est un sujet qui divise souvent les professionnels. Cette finition supplémentaire présente des avantages certains, mais également quelques inconvénients qu'il convient de peser soigneusement avant de prendre une décision.

Impact sur l'esthétique et la teinte du bois

L'un des principaux arguments en faveur de la lasure est son impact esthétique. Le traitement autoclave peut donner au bois une teinte verdâtre ou brunâtre peu attrayante pour certains. La lasure permet de modifier cette apparence, offrant une large gamme de teintes pour s'adapter à tous les goûts et styles d'architecture.

De plus, la lasure peut rehausser le grain naturel du bois, lui donnant un aspect plus chaleureux et raffiné. Elle permet également d'uniformiser la couleur du bois, qui peut parfois présenter des variations dues au traitement autoclave. Cependant, il faut garder à l'esprit que la lasure modifie l'aspect naturel du bois, ce qui peut être considéré comme un inconvénient pour les puristes.

Prolongation de la durée de vie et facilité d'entretien

La lasure apporte une protection supplémentaire contre les intempéries, notamment les rayons UV et l'humidité. Elle forme une barrière qui ralentit le grisaillement naturel du bois et limite les fissures dues aux variations d'humidité. Cette protection additionnelle peut prolonger significativement la durée de vie du bois autoclavé, surtout dans des conditions d'exposition sévères.

En termes d'entretien, un bois lasuré peut sembler plus exigeant qu'un bois autoclavé laissé brut. Cependant, la lasure facilite le nettoyage et peut simplifier les rénovations futures. Un simple rafraîchissement de la lasure peut suffire à redonner un aspect neuf au bois, là où un bois non lasuré pourrait nécessiter un ponçage plus important.

Coûts et fréquence d'application de la lasure

L'application d'une lasure représente un coût supplémentaire, tant en matériaux qu'en main-d'œuvre. Ce coût initial doit être mis en balance avec les économies potentielles à long terme, grâce à une meilleure préservation du bois. La fréquence d'application dépend de plusieurs facteurs, notamment l'exposition aux intempéries et le type de lasure utilisé.

En général, une lasure de qualité appliquée sur du bois autoclavé peut durer entre 3 et 5 ans avant de nécessiter une nouvelle application. Cette durée peut être plus courte pour des surfaces très exposées, comme une terrasse, et plus longue pour des éléments verticaux moins sollicités. Il est important de prendre en compte ce cycle d'entretien dans l'évaluation globale des coûts sur la durée de vie de l'ouvrage.

Techniques d'application de lasure sur bois autoclavé

L'application de lasure sur du bois autoclavé requiert une technique particulière pour garantir une adhérence optimale et une protection durable. Une préparation minutieuse et le choix du bon produit sont essentiels pour obtenir un résultat satisfaisant.

Préparation de la surface et ponçage

La première étape cruciale est la préparation de la surface du bois autoclavé. Contrairement à une idée reçue, le bois fraîchement autoclavé ne doit pas être lasuré immédiatement. Il est recommandé d'attendre au moins six mois après l'installation pour permettre au bois de se stabiliser et d'évacuer l'excès de produits de traitement.

Avant l'application de la lasure, un léger ponçage est nécessaire. Cette étape permet d'ouvrir les pores du bois et d'éliminer les fibres qui auraient pu se redresser. Utilisez un papier de verre à grain moyen (120 à 180) en suivant le sens des fibres du bois. Après le ponçage, il est crucial de dépoussiérer soigneusement la surface pour assurer une bonne adhérence de la lasure.

Choix de la lasure adaptée : microporeuse vs film-forming

Le choix de la lasure est déterminant pour la durabilité et l'esthétique du résultat final. Pour le bois autoclavé, il est généralement recommandé d'opter pour une lasure microporeuse. Ce type de lasure laisse le bois respirer tout en le protégeant, ce qui est particulièrement important pour un bois déjà traité en profondeur.

Les lasures microporeuses ont l'avantage de ne pas former un film étanche à la surface du bois. Elles pénètrent dans les fibres, offrant une protection en profondeur tout en permettant à l'humidité de s'évaporer. À l'inverse, les lasures film-forming créent une pellicule à la surface du bois, qui peut avoir tendance à s'écailler avec le temps, surtout sur un bois autoclavé qui a déjà une certaine saturation en produits de traitement.

Méthodes d'application : pinceau, rouleau, ou pulvérisation

L'application de la lasure peut se faire de différentes manières, chacune ayant ses avantages et ses inconvénients. Le pinceau reste la méthode la plus courante et la plus efficace pour les surfaces réduites ou irrégulières. Il permet une bonne pénétration de la lasure dans les fibres du bois et assure une répartition uniforme du produit.

Pour les grandes surfaces planes, le rouleau peut être une option plus rapide. Cependant, il faut veiller à ne pas appliquer une couche trop épaisse, qui risquerait de ne pas pénétrer correctement dans le bois. La pulvérisation est une méthode rapide et efficace pour les grandes surfaces, mais elle nécessite un équipement spécifique et une certaine expertise pour éviter les surépaisseurs et les coulures.

Quelle que soit la méthode choisie, il est crucial d'appliquer la lasure en couches fines, en respectant les temps de séchage entre chaque couche. Généralement, deux à trois couches sont nécessaires pour obtenir une protection optimale. L'application doit se faire dans le sens des fibres du bois pour un rendu esthétique et une pénétration uniforme du produit.

Alternatives à la lasure pour bois autoclavé

Bien que la lasure soit une option populaire pour protéger et embellir le bois autoclavé, elle n'est pas la seule solution disponible. D'autres alternatives méritent d'être considérées, chacune offrant des avantages spécifiques selon les besoins et les préférences.

Huiles naturelles comme l'huile de lin ou de tung

Les huiles naturelles représentent une alternative intéressante pour ceux qui recherchent une finition plus écologique. L'huile de lin et l'huile de tung sont particulièrement appréciées pour leur capacité à nourrir le bois en profondeur. Ces huiles pénètrent dans les fibres du bois, les rendant plus résistantes à l'humidité tout en préservant leur aspect naturel.

L'avantage principal des huiles naturelles est leur facilité d'entretien. Contrairement à la lasure, elles ne forment pas de film en surface et ne s'écaillent donc pas avec le temps. L'entretien consiste simplement à appliquer une nouvelle couche d'huile lorsque le bois commence à ternir. Cependant, la protection contre les UV est généralement moins efficace qu'avec une lasure, et l'application peut nécessiter des renouvellements plus fréquents.

Vernis marine haute performance

Pour une protection maximale, notamment dans des environnements très exposés comme les zones côtières, le vernis marine haute performance peut être une option à considérer. Ces vernis, initialement développés pour l'industrie nautique, offrent une résistance exceptionnelle aux UV, à l'humidité et à l'abrasion.

Le vernis marine forme une couche protectrice dure et brillante à la surface du bois. Il est particulièrement efficace pour prévenir le grisaillement et les fissures. Cependant, son application sur du bois autoclavé doit être faite avec précaution, car la forte teneur en résine de ces vernis peut poser des problèmes d'adhérence sur un bois déjà saturé de produits de traitement. De plus, l'aspect très brillant peut ne pas convenir à tous les styles esthétiques.

Grisaillement naturel et patine du bois

Une approche alternative, de plus en plus prisée, consiste à laisser le bois autoclavé vieillir naturellement sans aucun traitement supplémentaire. Avec le temps, le bois exposé aux intempéries développe une patine grise argentée, souvent considérée comme esthétiquement

agréable et naturelle. Cette approche s'inscrit dans une tendance de design plus organique et écologique.

Le grisaillement naturel du bois autoclavé n'affecte pas sa durabilité structurelle. Au contraire, la patine qui se développe forme une protection naturelle contre les UV. Cette option est particulièrement appréciée pour les constructions qui cherchent à s'intégrer harmonieusement dans leur environnement naturel.

Cependant, il faut noter que le processus de grisaillement peut être irrégulier, surtout dans les premières années. Certaines zones plus exposées grisailleront plus rapidement que d'autres, ce qui peut temporairement donner un aspect hétérogène au bois. De plus, le grisaillement n'offre pas de protection supplémentaire contre l'humidité ou les fissures.

Le choix de laisser le bois autoclavé griser naturellement reflète souvent une philosophie de construction en harmonie avec la nature, acceptant ses cycles et son évolution.

En fin de compte, le choix entre la lasure, les huiles naturelles, le vernis marine ou le grisaillement naturel dépend de plusieurs facteurs : l'esthétique recherchée, le niveau de protection souhaité, la fréquence d'entretien acceptable et le contexte environnemental de la construction. Chaque option présente ses avantages et ses inconvénients, et le choix final dépendra souvent d'un compromis entre ces différents aspects.

Quelle que soit l'option choisie, il est important de surveiller régulièrement l'état du bois autoclavé et d'intervenir si des signes de dégradation apparaissent. Un entretien préventif, même minime, peut considérablement prolonger la durée de vie et préserver l'esthétique du bois autoclavé.